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4 janvier 2010 1 04 /01 /janvier /2010 22:24

"Pourquoi as tu appris le russe" ? Me demande t'on régulièrement.

Je suis né en 1949, c'est à dire 4 ans après la fin de la guerre. Nous vivions rue du Colonel Delorme à Montreuil, ville communiste en Seine Saint Denis. Ma mère y était institutrice. Aprés un court séjour à la SFIO de Guy Mollet, elle a pris sa carte au Parti ainsi que mon beau-père. Le Parti avait le vent en poupe à cette époque. L' Union Soviétique, le Grand Frère, au prix de sacrifices inouis avait vaincu le troisième Reich de Stalingrad jusqu'à Berlin. Staline faisait figure de héro. En France, les communistes avaient participés activement à la Résistance. Nombre d'entre eux avaient fait  don de leurs vies. La France de l'époque comptait plusieurs millions de militants ainsi que des sympatisants. La propagande était bien organisée. Les camarades vendaient l' Huma Dimanche dans la rue ou au porte à porte. Ils croyaient au communisme triomphant qui allait unir les peuples, vaincre la guerre et la misère, instaurer une nouvelle société fraternelle et égalitaire. C'était pour la plupart des gens sincères, motivés, donnant de leur temps et de leur argent. Ils participaient aux réunions de cellules. Ils allaient dans les manifestations. Ils étaient à mille lieux de se douter que la réalité en URSS ne correspondait nullement à leurs attentes et à leurs espérances. Mes parents étaient du nombre. Militants modèles bien présents et actifs dans leur ville.
Ils étaient convaincus pour beaucoup que le russe allait détrôner l' anglais et devenir la langue universelle. Malgré tout, il y avait peu d'établissements où il était enseigné. Au collège de la rue Vitruve dans le 20e j'ai commencé à étudier l' anglais. Ma mère pour mon passage en 4e m'a inscrit à l'annexe du Lycée Charlemagne à Vincennes, qui allait devenir Hector Berlioz. Il était question que je prenne l' Allemand comme 2e langue. Ma mère est revenue toute contente : "Tu sais le Proviseur m'a appris la création d'une section de russe. Alors tu feras du russe mon fils". C'est ainsi que l'apprentissage de cette langue m'a occupé pendant 6 ans. Avec un professeur exigent, voir impitoyable. Nous le surnommions Staline. Un petit air de ressemblance. Très brun, un peu bedonnant avec une grosse moustache noire. Parfois c'était interro surprise. Zéro ou vingt. Sur, celà place la barre haut. Certains dont j'ai fait partie sont allés jusqu'au bout. D'autres se sont démotivés.
A Berlioz j'ai fait partie du petit noyau qui avait créé le Cercle de Jeunesses Communistes au grand désespoir du Proviseur qui n'appréciait pas la présence de ces activistes perturbateurs dans son établissement sérieux.
En juillet 1965 je séjourne 3 semaines à l' Université Lomonossov à Moscou pour un stage linguistique. L' année suivante me voilà parti faire un chantier de travail à Torgau en RDA. A 17 ans je ne reprends pas ma carte des Jeunesses après avoir constaté l'absence de démocratie dans l'organisation. Tout était décidé en haut lieu. Lors des votes des résolutions toutes les mains se levaient "pour", jamais  "contre", jamais "abstention". Soljenytsine à commencé à lever le voile sur la réalité Soviétique. Alors j'ai entamé non sans douleur ma crise d'anti communisme. J'ai jeté et maintenant je le regrette mes souvenirs : foulards rouges, insignes de pionniers et de soldats, les lettres, les cartes, les timbres de mes 2 correspondantes Nadia et Stala vivant à Omsk en Sibérie. Mes cahiers écrits avec tant d'application. J'ai oublié le russe.
Dans les années 90, après la chute du Mur et l'ouverture des frontières à l' Est je me suis mis à entendre de plus en plus souvent parler russe dans la rue, le métro. Bien sur les nouvelles qui nous venaient de Russie étaient surprenantes. Une transition aussi brutale. Il était question dans les médias de bouleversement économique, de misère, de prostitution, de mafia, de corruption. Un président, Eltsine apparaissant souvent saoul. Puis la pérestroika avec Gorbatchev. Réalité ? Coup de bluf ? Manoeuvre politique ? Intox ?
Intrigué  j'ai décidé de m'y remettre. A nouveau l'alphabet, la grammaire, le vocabulaire. Des russes rencontrés dont Olga avec qui j'ai travaillé à Cochin ont trouvé que j'avais bonne mémoire. Les méthodes dictatoriales de mon professeurs ont engrammé les bases de la langue. A Saint Petersbourg et maintenant dans le cours de la Ville de Paris je me rends compte du chemin encore à parcourir.

Dans le prochain article il sera question des raisons de mon intérêt pour Saint Petersbourg.
Merci à toi cher lecteur de prendre un peu de ton temps pour m'accompagner dans mon voyage.

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commentaires

M
<br /> Un rand merci pour votre blog vraiment très intéressant. On peut sentri qu'un lien fort vous lie à la Russie... c'est mon impression.<br /> <br /> A très bientôt j'espère<br /> <br /> Marianne<br /> <br /> <br />
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